Prévention
Éduquer pour mieux comprendre
Le CALAS poursuit son travail de prévention et sensibilisation afin de relever les préjugés les plus tenaces et démystifier les agressions à caractère sexuel. Les ateliers sont offerts dans différents milieux, tels que les milieux d’enseignement, les organismes communautaires et les institutions en Outaouais.
Trois objectifs centraux sont poursuivis:
- Outiller la communauté à identifier les agressions sexuelles, recevoir des dévoilements et soutenir les victimes.
- Transmettre des informations pertinentes pour déconstruire les mythes et préjugés.
- Susciter une réflexion critique afin de stimuler l’engagement pour le changement social.
« On ne naît pas femme: on le devient »
– Simone de Beauvoir
Le processus de demande d’atelier
Les demandes de prévention sont évaluées par l’équipe de travail en fonction de différents critères : la disponibilité des intervenantes, l’horaire d’animation, les cibles annuelles et la diversité des demandes et des milieux.
Le CALAS, la définition et les formes d’agressions sexuelles, la notion de consentement sexuel, les mythes et préjugés, les attitudes aidantes et nuisibles.
Se battre contre les préjugés
Des attitudes et comportements minimisent et banalisent la violence sexuelle. Les mythes et les préjugés face aux violences sexuelles sont bien ancrés dans la société et malheureusement trop facilement transmis. Ces mythes et préjugés sèment le doute chez les personnes qui ont subi de la violence sexuelle, renforcent l’image négative des victimes, augmentent leur sentiment de culpabilité et déresponsabilisent les agresseurs. En bout de ligne, ceci nuit aux victimes et profite aux agresseurs.
Un positionnement individuel et collectif en faveur de l’égalité et la volonté de connaitre la réalité qui entoure les agressions sexuelles permettront de mettre fin aux mythes et préjugés.
Le quiz pour apprendre!
Nous vous proposons de répondre à quelques questions, ce sont des interrogations qui reviennent régulièrement lorsque l’on aborde le sujet des agressions sexuelles.
Quelques mythes et préjugés tenaces…
saurez-vous les reconnaître et y répondre?
Une survivante d’agression à caractère sexuel doit nécessairement détester son agresseur.
FAUX
Il se peut qu’une survivante ne déteste pas son agresseur ou qu’elle éprouve des sentiments ambivalents à son égard. Si c’est le cas, c’est normal. C’est souvent le cas lorsque l’agresseur est un membre de la famille, un.e ami.e, ou un partenaire intime (chum/blonde). Cela peut entraîner beaucoup de confusion et un sentiment de honte et de culpabilité.
Les personnes qui commettent des agressions à caractère sexuel envers des enfants sont tous des pédophiles.
FAUX
Dans la population, le terme pédophile est souvent utilisé à tort pour parler de toute personne qui commet une agression sexuelle envers un enfant, alors que dans les faits, une minorité des auteurs d’agression sexuelle envers des mineurs rencontrent les critères d’un diagnostic de pédophilie. Les enfants sont perçus comme plus vulnérables et ayant moins de pouvoir dans notre société. Les agresseurs profitent de la ….
Des prédispositions biologiques rendent les hommes plus à risque d’agresser sexuellement puisqu’ils ont un plus grand besoin d’assouvir leurs pulsions sexuelles
FAUX
Le fait de commettre des agressions sexuelles est un phénomène multifactoriel, mais n’est pas un problème de pulsions sexuelles incontrôlables. Plusieurs agresseurs sexuels sont motivés par un désir de pouvoir, de domination et de contrôle. De plus, des femmes peuvent aussi être responsables d’agression sexuelle.
Seul une minorité d’agresseurs sexuels sont des prédateurs, mentalement perturbés et peu réhabilitable
VRAI
Les personnes qui commettent des agressions sexuelles sont la plupart du temps connues de leur victime et préméditent leur crime. Pour la grande majorité, ces personnes fonctionnent normalement en société. L’agresseur est généralement une personne saine d’esprit qui connaît la victime et qui profite de sa relation de confiance ou de sa position d’autorité pour l’agresser sexuellement et ainsi affirmer leur emprise et leur pouvoir sur elle.
Il est possible que quelqu’un m’ait agressée sexuellement même si j’ai déjà eu des relations sexuelles consentantes avec lui dans le passé.
VRAI
Il est possible d’être agressée sexuellement par une personne avec qui on a déjà eu des relations sexuelles consentantes, par exemple notre « chum », notre conjoint, etc. Lorsque l’on dit « oui » une fois ou à plusieurs reprises pour avoir des relations sexuelles avec une personne, on ne s’engage pas à dire « oui » toujours. C’est notre choix, chaque fois. D’ailleurs, 1 femme sur 7 est agressée sexuellement au moins une fois par son conjoint.
Après avoir vécu une agression à caractère sexuel, il est possible de s’en sortir, de vivre une vie satisfaisante et de se sentir bien à nouveau.
VRAI
Les personnes qui vivent une agression à caractère sexuel traversent une des épreuves les plus difficiles… mais pas insurmontables. Ces personnes font preuve de beaucoup de force et de courage. Une agression à caractère sexuel n’empêche pas la personne de continuer à vivre et ne lui enlève rien de ses forces et de ses ressources même si souvent elle/il a l’impression que quelque chose s’est brisé en elle. Avec l’aide, le soutien et le respect des gens qui l’aiment et qui l’entourent, elle retrouvera son énergie et son bien-être.
Les agressions sexuelles sont surtout commises le soir, dans les rues sombres ou dans les parcs.
FAUX
La majorité des agressions à caractère sexuel (70%) survient dans une résidence privée, généralement au domicile de l’agresseur ou de la victime
Les femmes lesbiennes et bisexuelles sont plus à risque de vivre de la violence sexuelle.
VRAI
les femmes lesbiennes et bisexuelles seraient six fois plus à risque de vivre de la violence sexuelle que les personnes qui se défi nissent comme hétérosexuelles4 . Bien qu’il soit difficile de déterminer avec certitude les raisons expliquant cette réalité, l’une des explications avancées est l’homophobie. Ainsi, les femmes lesbiennes et bisexuelles qui s’affi chent comme telles seraient davantage la cible de diff érentes formes de violence, dont la violence sexuelle, parce qu’elles seraient jugées comme étant diff érentes, voire « non-conformes »
Les femmes mentent lorsqu’elles disent avoir subi l’agression sexuelle et portent souvent de fausses accusations d’agression sexuelle.
FAUX
Les fausses accusations d’agression sexuelle sont rares. Ce mythe est alimenté par des cas d’exception, et ce, notamment en raison de la grande attention médiatique dont elles font l’objet. Le pourcentage de fausses accusations en rapport avec tous les crimes est d’environ 2%, ce qui correspond au même pourcentage de fausses déclarations retrouvées dans toutes les autres formes de crimes. Il est bon de rappeler que seulement 5 % des victimes le signalent aux autorités. Aucune raison ne permet de conclure à un plus fort taux en matière d’agression sexuelle. Ce préjugé, fortement véhiculé, a comme impact de mettre en doute la parole de la victime et de donner plus de pouvoir au présumé agresseur. Par ailleurs, l’acquittement d’une personne accusée d’agression à caractère sexuel au criminel ne signifie pas automatiquement que cette personne n’a pas commis les gestes (en raison du fardeau de la preuve).
Les personnes vivant avec une déficience intellectuelle sont plus à risque de subir des ACS.
VRAI
Les personnes qui présentent une déficience intellectuelle seraient cinq fois plus souvent victimes d’agression sexuelle que les personnes qui ne présentent pas de déficience intellectuelle. Peu importe l’âge, la déficience ou l’incapacité, les personnes vivant avec une déficience intellectuelle peuvent aussi être victimes d’une agression sexuelle. D’ailleurs, celles-ci sont plus vulnérables en raison d’une connaissance parfois plus limitée de la sexualité, de leurs corps et de leurs droits. Également, le lien de dépendance avec les personnes de l’entourage est un facteur de risque supplémentaire (ex. : besoin de soutien pour certaines activités, plus propice à subir de la manipulation).
Une fille qui s’habille avec des vêtements sexy provoque en quelque sorte l’agression sexuelle
FAUX
Personne n’est obligé d’avoir une relation sexuelle simplement parce que l’autre est sexuellement excitée. Chaque individu a le contrôle de son propre corps. En tout temps, l’agresseur est le seul responsable de ses gestes. Aucune caractéristique personnelle de la victime, telle que son âge, son apparence, son orientation sexuelle, son origine culturelle, son habillement ou son occupation, ne peut justifier une agression. Dire qu’une fille a provoqué son agresseur lui attribue la responsabilité des gestes commis par l’agresseur et déresponsabilise l’agresseur.
Les agresseurs sont des hommes solitaires, frustrés sexuellement, car ils n’ont pas de partenaire.
FAUX
D’une part, ce préjugé nous renvoie à l’idée que si un homme est frustré sexuellement, cela lui donnerait le droit d’agresser sexuellement. Comme si les pulsions sexuelles ne peuvent être contrôlées et qu’elles doivent être expulsées même si cela signifie imposer à quelqu’un d’autre sa sexualité. D’autre part, la majorité des agresseurs ont une vie sexuelle active. Il ne faut pas oublier que l’agression sexuelle est une prise de pouvoir, d’abord et avant tout. L’agresseur, c’est un homme « ordinaire », « normal », un « monsieur tout le monde », un ami, un professionnel, une personne en autorité, un voisin, un membre de la famille, un conjoint ou une connaissance, sans distinction de religion, d’origine ou de classe sociale.
Les femmes provoquent l’agression sexuelle
FAUX
Peu importe le comportement de la femme que ce soit de faire de l’auto-stop, de sortir tard le soir, de marcher dans une rue mal éclairée, de consommer de la drogue ou de l’alcool, de s’habiller de manière séduisante ou de vouloir raccompagner un homme. Il ne s’agit pas d’une provocation à une agression. Les femmes ne cherchent pas à être agressées, humiliées ou violentées.
Si les parents avaient une vie sexuelle normale, le père ne commettrait pas l’inceste envers sa fille
FAUX
Le fait de questionner la vie sexuelle du couple jette le blâme sur les femmes, qui sont traitées comme si elles étaient responsables de la sexualité des hommes (responsables de les satisfaire). Toute personne est responsable de sa propre sexualité. La vie sexuelle des parents n’a donc aucun rapport avec l’inceste.
Les conséquences peuvent être aussi importantes pour du harcèlement sexuel qu’une agression sexuelle.
VRAI
Une agression à caractère sexuel peut engendrer de nombreuses conséquences pour les victimes, autant chez les hommes que chez les femmes. Par exemple, certaines personnes vivent de l’isolement, ressentent de la culpabilité ou encore ont moins d’estime d’elles-mêmes à la suite d’une agression. Ces conséquences varient d’une personne à l’autre, mais elles ne sont pas associées aux types de gestes posés par l’agresseur (par exemple : pénétration ou pas) ni à la durée des agressions. À titre d’exemple, le harcèlement sexuel répétitif et intense peut mener à d’importantes conséquences, au même titre d’une seule situation d’agression sexuelle. En somme, ce préjugé a pour effet de minimiser les conséquences de certaines formes d’agression jugées moins graves par la société.
Ce sont majoritairement des homosexuels qui agressent les garçons, les adolescents et les hommes.
FAUX
Il est faux de croire que les homosexuels représentent la majorité des agresseurs sexuels. Ce préjugé provient de la fausse croyance véhiculant que la violence sexuelle est à la base une attirance sexuelle incontrôlable. La violence sexuelle est une question de pouvoir et non d’orientation sexuelle. D’ailleurs, des études ont démontré que la majorité des agresseurs sont des hommes hétérosexuels qui ont une vie de couple et une vie sexuelle active avec des femmes consentantes.
Les personnes qui ont vécu une agression sexuelle sont plus susceptibles de devenir homosexuelles.
FAUX
On ne devient pas lesbienne ou gai parce qu’on a vécu une agression sexuelle. En fait, c’est plutôt l’attirance physique et émotive pour les personnes du même sexe que nous qui détermine si on est gai, lesbienne ou bisexuelle. L’homosexualité n’est pas une conséquence négative de la violence sexuelle, c’est une façon positive de vivre sa sexualité.
Les personnes qui ont été agressées dans leur enfance vont devenir des agresseurs à l’âge adulte
FAUX
Agresser sexuellement une autre personne est un choix que l’agresseur fait et non une conséquence incontrôlable de son passé. Un passé de victimisation sexuelle semble un facteur de risque parmi d’autres pour agresser sexuellement et apparaît insuffisant pour expliquer la majorité des cas d’agression sexuelle. On ne peut pas dire que le fait d’avoir été agressé explique ou excuse qu’une personne agresse sexuellement une autre personne. Les victimes d’agression à caractère sexuel sont généralement des femmes, et pourtant, la majorité des agresseurs sont des hommes.
Les agressions sexuelles sont le plus souvent commises par des personnes connues des victimes.
VRAI
Près de 80% des victimes d’agression sexuelle connaissent leur agresseur. Souvent, l’agresseur profite de son lien de confiance avec la victime pour l’agresser.
Les femmes issues de l’exploitation sexuelle font beaucoup d’argent. C’est payant.
FAUX
Bien que les femmes reçoivent un gros montant d’argent pour leur « service », au final, elles n’en gardent qu’une infime partie. L’industrie du sexe est présentée comme un milieu glamour et payant, mais ce qui est caché, entre autres, est toutes les dépenses qui s’en suivent. Effectivement, ceux qui récoltent les profits sont les gens qui contrôlent l’industrie (les proxénètes, les propriétaires de bars de danseuses, les producteurs de films pornographiques, etc.). De plus, puisque la grande majorité consomme pour être capable de se prostituer, les dépenses liées à la drogue peuvent être considérables. Celles-ci peuvent même les amener à s’endetter. Alors que les femmes perçoivent la prostitution comme une solution à la pauvreté, au bout du compte, elle ne fait qu’amplifier leur précarité financière et les rendre encore plus vulnérables.
Les personnes qui éprouvent de l’excitation sexuelle pendant l’agression sexuelle sont consentantes parce qu’elles ont ressenti du plaisir
FAUX
Le corps réagit à des stimulations physiologiques. Il est possible d’avoir des réactions physiques associées à l’excitation sexuelle (ex : lubrification, orgasme, érection, etc.) due à la stimulation de ses parties génitales, même dans le cadre d’une agression sexuelle. Peu importe ce que la victime a ressenti, cela ne signifie pas qu’elle était consentante au moment de l’agression ou qu’elle ressentait du plaisir sexuel. D’ailleurs, certaines victimes éprouvent un grand sentiment de culpabilité, de honte et de confusion en raison des sensations physiologiques ressenties lors de l’agression. Pourtant, il s’agit bel et bien d’une situation d’agression sexuelle.
La drogue du viol la plus fréquente est l’alcool
VRAI
L’alcool augmente le risque d’agression sexuelle, mais uniquement parce que l’agresseur est porté à prendre plus de risques et que la victime est moins apte à se défendre.
Seulement 5% des victimes d’agression sexuelle rapportent l’agression à la police.
VRAI
Ce n’est pas parce que la victime ne rapporte pas l’agression que celle-ci n’a pas eu lieu.
Si une personne ne pleure pas ou n’est pas visiblement bouleversée, ce n’était probablement pas une agression sexuelle sérieuse.
FAUX
Chaque personne réagit différemment au traumatisme causé par une agression sexuelle. Elle peut pleurer ou demeurer calme. Elle peut rester silencieuse ou devenir très en colère. Son comportement n’est pas un indicateur de son expérience. Il importe de ne pas juger une personne par la façon dont elle réagit à une agression.
La prostitution est le plus vieux métier du monde.
FAUX
Les femmes prostituées subissent régulièrement de multiples formes de violences et ont un taux de mortalité 40 fois supérieur à la moyenne canadienne. Connaissez-vous un autre métier avec de telles conditions ?
Il s’agit plutôt de la plus vieille oppression du monde. Ce mythe sert à sous-entendre qu’il y en a toujours eu, qu’il y en aura toujours et qu’on ne peut rien y faire. Or des milliers de femmes au Québec souffrent des conséquences de l’exploitation sexuelle.
Penser que la prostitution est le plus vieux métier du monde, banalise le fait qu’elle se base sur l’exploitation de la vulnérabilité de ces femmes.
S’accommoderait-on du viol ou de la torture sous prétexte qu’ils sont vieux comme le monde ?